La notion de l’espace public est
vaste. Elle implique une dichotomie, espace public-privé. Des contraintes de
rationalisation du point de vue politique se posent. Les facteurs qui
contribuent à modifier les périmètres de l’espace public sont d’ordre
politique, social et culturel. En prenant l’exemple de l’espace public
tchadien, qui fait l’objet de notre analyse ; la discussion serait un peu
difficile, car la notion de l’espace public dont nous inspirons ; est dans
un contexte démocratique, un espace public qui s’est constitué depuis des
siècles. Alors que l’exemple que nous citerons ressemble un peu à l’espace
public médiéval, de l’Europe. La liberté
d’exprimer librement ses opinions n’existe pas dans l’espace public tchadien. En
analysant les différents facteurs : politique, social et culturel du
Tchad, qui modifient les périmètres de l’espace public tchadien ; nous en
déduirons que ces facteurs affectent les usages de l’information au Tchad.
L’espace public peut prendre le sens de
l’Etat, avec des règles juridiques ; toute entité politique peut être un
espace public. La démocratie libérale tant à être la règle universelle. La
constitution d’un espace public est violente ; puisque la construction de
l’espace démocratique implique des dissensions entre un espace public et privé.
Les régimes dictatoriaux d’avant la chute du mur de Berlin, n’ont pas favorisé
la constitution d’un espace public tchadien. Il n’existait aucune presse
indépendante ; et celle qui fonctionne est au service de la propagande du
parti unique et le culte du chef de l’Etat. Dans ce cas, peut-on parler d’un
espace public ou privé ?
«
Pas
d’espace public sans liberté et égalité des individus »,
écrit Dominique WOLTON, dans son essai,
Penser la communication.
L’exemple de l’espace public que nous citons
est celui du Tchad. Ce pays à une
évolution sociopolitique très controversée : de la colonisation à la lutte
des libérations et aujourd’hui la démocratisation de l’espace public qui se
construit. Un moment d’insécurité et d’incertitude politique. Dans la
constitution de cet espace public tchadien en cours, l’aspect sociologique et
anthropologique fait en sorte que, la démocratie occidentale a dit du mal à
s’imposer comme règle de gouvernance et d’administration ; l’ethnocentrisme
se heurte à la politique ; recours aux groupes ethniques, ou une
suprématie d’une ethnie dirigeante s’impose contre une autre rivale, est
toujours courant. La constitution des parties partis politiques se fait sur
base ethnique ou régionale, le multipartisme est devenu tribalisme ; d’où
le risque d’échec de ce système de gouvernance en Afrique ;
particulièrement au Tchad. Le refus de respecter les verdicts des urnes ;
la prolongation du mandat, du candidat président, faite en modifiant la
constitution. La démocratie pluraliste imposée en Afrique, n’est pas compatible
avec les réalités sociologiques et anthropologiques du pays ; le réflexe
de l’acceptation d’une autorité monarchique est présent dans l’inconscient
collectif. Les études sont peu, mais la réalité nous amène à se poser la
question : quelle démocratie, pour quelle société ? Autrement dit, un
système de gouvernance démocratique, inspiré des réalités sociales, anthropologiques
et culturelles, s’impose.
Toutefois, on peut
parler d’un espace public, dans la mesure où, il existe une autorité qui règle
la vie publique, même si elle ne remplit pas sa mission, conformément aux
valeurs de démocratie occidentale. Comme
nous avons affirmé ci-dessus, la genèse de la société tchadienne est tribale,
dont il existe ce que Dominique WOLTON appel la logique de l’irrédentisme
communautaire ; ceci nous permet d’affirmer l’affrontement entre
l’espace public et privé. Dans le contexte que nous avons pris comme exemple,
les tribus ou ethnies se disputent, de fois de manière violente l’espace
public ; conflit agriculteur et éleveur par exemple. Il faut aussi
énumérer les mutations sociales : l’exode rural, l’urbanisme, les déplacés
économique ou écologique, dû à la sécheresse et au manque des pâturages, etc. Ces
mutations et mouvements sociaux entraînent le pouvoir public à prendre, un certain
nombre des mesures, citons comme exemple, la tracé des couloirs des
transhumances pour les éleveurs, dans l’objectif d’éviter les affrontements
entre agriculteurs éleveurs. Les médias jouent, aussi un rôle important dans le
secteur du développement agropastoral. La radio nationale tchadienne, la RNT, seul support médiatique
au service de l’Etat, diffusait dans ses grilles de programme, des émissions
destinées aux éleveurs et agriculteurs et en langues nationales. Le pouvoir
public est de fois confronté à la réticence de la population ; et
difficile de contrôler l’espace public aux occupations anarchiques. Il faut
aussi noter une spécificité africaine et donc tchadienne aussi, l’espace public
traditionnel, l’arbre à palabre. La place sur laquelle les grandes décisions gérant
la cité, seront prises. Cet espace public traditionnel s’est incliné devant celle,
des nouveaux espaces public, la place de l’indépendance ; la place sur laquelle,
les grandes festivités, comme 14 juillet au temps colonial et aujourd’hui place
de l’indépendance. La disparition de
l’espace public traditionnel, amène avec elle
la médiation sociale. L’espace
public tchadien est en construction, s’il faut tenir compte de l’aspect
culturel, le Tchad est aussi dans la modernité.
Il existe une
dimension culturelle de l’espace public.
Dans les grandes agglomérations s’est formée une culture homogène ; les différents
groupes ethniques cohabitaient dans les villes. L’existence de l’espace public
culturel ne pourrait qu’exister en ville. Il faut noter l’influence coloniale
qui a imposé la langue française, donc la culture française, les traditions et
l’influences de la culture arabo-musulmane du fait de la position géographique
à cheval entre l’Afrique noire et l’Afrique blanche.
L’avènement des
nouveaux médias, dû à la prolifération des antennes paraboliques et le
développement des nouvelles technologies de l’information et de la
communication ont vite consolidé l’espace public tchadien, du point de vue
culturel. On peut affirmer que les médias font parties de l’espace public
culturel tchadien. Le développement accéléré des TIC contribue au développement
d’une culture homogène et donc à la
naissance d’un espace public tchadien.
L’espace public
tchadien est en cours de construction s’il faut se référer à la définition de la
notion dite de l’espace public en
Europe. Mais, l’universalisme numérique exigerait une convergence démocratique
de la planète.
La politique
publique au Tchad a toujours contrôlé les rares supports qui y
existaient : l’agence Tchadienne de Presse, la Radio Nationale Tchadienne et
autres stations dans les préfectures en province. Mais, le développement des
Techniques de l’information et de la communication a affecté le changement social qui se produit. Le
contrôle des médias et de l’information échappe au régime, dit démocratique
mais autoritaire. Ces modifications obligent le pouvoir public à se conformer
aux exigences de l’ère du numérique. Ce qui a conduit le gouvernement du Tchad
à mettre la seule télévision nationale sur satellite pour être couvert sur
l’ensemble du territoire et à l’étranger. Il faut aussi noter la multiplication
des sites internet et blogs qui informent l’opinion nationale et
internationale. Alors face aux récents conflits armés de 2006 2008 au Tchad, le
gouvernement n’arrive plus à contrôler le flux des informations diffusées par
téléphone satellitaire et internet.
Le Tchad un pays émergent, situé au
cœur de l’Afrique noire. Un pays né de la colonisation française. La
constitution de cette entité politique forme la fusion des espaces privés en
phase de construction d’un espace public, au sens européen du terme. Cette émergence politique et sociale a
dégénérée et a du mal à arriver à terme.
Toutefois, on peut
parler d’un espace public tchadien ; même si les règles de gouvernance
démocratique sont escamotées. Le pouvoir public a toujours contrôlé la
diffusion de l’information, puisque, l’Etat détient le monopole des supports
médiatiques qui existaient.
Avec le
développement des nouveaux outils de l’information et de la communication le
pouvoir public est affecté de l’usage de l’information. Puisque ces
transformations sociales qui orientent le Tchad, vers la démocratisation sont
les causes directes, de l’incapacité de l’Etat à contrôler l’information.
L’ère du numérique
affecte toutes les politiques publiques et se constituent un espace public
universel et alternatif. Aucune politique publique ne peut être à l’abri des
turbulences de cette révolution du numérique.
Mahamat HASSANE
BOULMAYE