vendredi 4 septembre 2015

Comment pouvons-nous reconstituer, l’Etat désagrégé ?


La situation actuelle du Tchad inquiète bon nombre des concitoyens. Pourquoi nous nous  inquiétons? Vu l’attitude des responsables actuels, il n’y a bonne raison de s’inquiéter ; abord d’une voiture conduite par un chauffard ivre, il serait tout à fait légitime de s’inquiéter ! La reconstitution de cet Etat et de son administration, ne doit pas être l’affaire des vicieux qui n’ont pour seule ambition, leurs viles personnes. Les tartuffes politiques qui siphonnent les ressources du pays, n’auront jamais la motivation, les valeurs et les compétences nécessaires pour redresser ce pays, et remettre le peuple dans ses droits de citoyen. Si nous observons de manière intelligente la réalité sociale, économique et politique du pays, nous sommes amenés à trouver une solution idoine. Les réflexions autour d’un Etat idéal, va du IV siècle avant l’ère chrétienne, nos jours. Les penseurs n’ont cessé de penser l’Etat. Nous ne pouvons pas revenir sur les productions intellectuelles autour de l' Etat. Nous avons adopté comme système politique, la démocratie pluraliste ; elle n’est pas apparue comme un système compatible à nos réalités. Que devons-nous faire alors ? Avant de dire comment, donnons raison, sur deux points à monsieur YORONGAR: il n’a jamais été ministre sous IDRISS DEBY et ensuite, il défend une idéologie assez moderne : vivre ensemble dans la différence. On peut utiliser plusieurs systèmes, pour y arriver. Pour YORONGAR, c’est le fédéralisme, pour nous non, la décentralisation territoriale. Ainsi commence un débat géopolitique.
La recomposition territoriale n’est pas un sujet sensible ni un sujet tabou. Elle est actuellement à l’ordre du jour dans presque toutes les institutions démocratiques du monde entier. L’essor d’une économie nationale est le fruit des forces paysannes et des initiatives locales. Dont, les décisions, logiquement, doivent être prises localement, au niveau des villages, des communes, des départements ; surtout en ce qui concerne le développement économique et sociale du territoire concerné. La géopolitique dont on use bêtement au Tchad, doit autrement nous servir à stabiliser notre pays et sauvegarder nos patrimoines culturels. Vivre ensemble dans la diversité. Revoyons un peu, les conflits armés en Afrique, sont plus luttes de pouvoir que conflits territoriaux ; citons comme exemple le Tchad, la Côte-d’Ivoire, la Sierra Léon etc.
 Le pluri ethnisme est une richesse, un avantage pour le pays ; mais si on utilise à des fins de prise de pouvoir ou de partage des ressources nationales, « la géopolitique africaine ou politique du ventre » ; dans ce cas, cette diversité ce transformera en cocktail explosif. On applique au Tchad, cet absurde politique dite « géopolitique » ; les ethnies n’ont jamais été satisfaites, donc le risque de dérapage est élevé. Comment pouvons-nous vivre ensemble tout en préservant nos différences ?
Regardons d’abord, les anciennes démocraties, comme les Etats-Unis et l’Europe. Nous avons le même système de démocratie pluraliste ; alors qu’en Afrique et particulièrement au Tchad, ce système est corrompu et pratiquement nous vivons sans démocratie. Nous avons hérité du système colonial, l’administration ; le colonisateur a changé, innové et adapté leur administration selon les réalités qui s’imposent ; alors que nous utilisons les lois de l’administration coloniale ; des textes obsolètes,  aucune innovation, aucun progrès juridique et administratif. En plus, le comportement des administrateurs tchadiens ressemble aux administrateurs coloniaux : mépris vis-à-vis du peuple, indifférence, arrogance, insolence…
Comment n’aurons-nous pas des difficultés à vivre ensemble ; si nous sommes incapables d’innover nos textes juridiques et administratifs ? La stabilité d’un Etat est liée aux lois et à son administration respectueuse des valeurs. Tout organisation: sociale, politique ou même d’affaire, fonctionne conformément aux normes; entre autres les textes et les lois qui régissent l’Etat. Ainsi, pour que l’humanité puisse vivre ensemble et en paix, Dieu fait descendre des textes divins : la Thora, l’Evangile et le dernier, le Coran. Les Hommes ne respectent même pas, les lois divines, combien de fois les lois de la république ?
Revenons à notre sujet, Avant tout, cherchons à comprendre ; qu’est-ce que le fédéralisme ? Et c’est quoi la décentralisation ?
Le fédéralisme du latin foederatio, alliance, lien, pacte, traité…Mode d’organisation dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie. Au plan politique et institutionnel, le fédéralisme se défini, comme un système politique dans lequel un Etat fédéral partage les prérogatives constitutionnelles avec les autres Etats membres, qui sont souverains dans leurs propres domaines des compétences. Montesquieu avait fait état du fédéralisme dans la constitution des cités de la Grèce antique. En outre, la première forme de fédéralisme est apparue en 1291 ; lorsque plusieurs Cantons Suisses ont conclu un pacte défensif, qui est à l’origine de la confédération Helvétique. Comme on calomnie l’opposant porteur du projet  fédéraliste au Tchad ; même pendant la révolution française de 1789, les Girondins (région de Bordeaux, la Gironde), qui ont proposé un projet d’un Etat fédéral, ont été accusé par Michelet en ce terme : «  Une invention calomnieuse, le crime de vouloir démembrer la France, le crime qu’on appelait très mal : fédéralisme. ». Le système fédéral à l’instar de toute forme d’organisation se base sur la constitution, elle détermine et précise les limites des compétences, pour éviter toute sorte de conflit ou d’insubordination d’un Etat membre. Les systèmes politiques évoluent au fil du temps, raison pour laquelle les amendements dans la constitution sont multiples. Ainsi, les Girondins qui avait soutenu la thèse fédérale en 1789 a conduit la France a adopté non pas le fédéralisme, mais la décentralisation territoriale.
La décentralisation est aussi un système politique ou de gouvernance, qui transfert les attributions de l’Etat vers les collectivités territoriales. Ces dernières, disposent d’un pouvoir juridique et d’une autonomie financière. Sur le site de l’Assemblée Nationale française, la décentralisation est définie comme suit :
« La décentralisation vise à donner aux collectivités locales des compétences propres, distinctes de celles de l’Etat, à faire élire leurs autorités par la population et à assurer ainsi un meilleur équilibre des pouvoirs sur l’ensemble du territoire. La décentralisation rapproche le processus de décision des citoyens, favorisant l’émergence d’une démocratie de proximité. La déconcentration est une notion bien distincte ; elle vise à améliorer l’efficacité de l’action de l’Etat en transférant certaines attributions de l’échelon administratif central aux fonctionnaires locaux, c’est-à-dire aux préfets, aux directeurs départementaux des services de l’Etat ou à leurs subordonnés. »
On distingue deux formes de décentralisation :
-         La décentralisation territoriale, elle permet à des représentants élus (Conseil régional, départemental et communal), de régler les affaires administratives. Le préfet est juste chargé de vérifier, la légalité constitutionnelle, de la décision prise par les élus locaux.
-         La décentralisation fonctionnelle ou technique, elle permet à des établissements publics à vocation spéciale comme les universités et les hôpitaux, de disposer une certaine autonomie administrative et budgétaire. La collectivité de rattachement exerce Le pouvoir de contrôle.
Ces deux formes de système de gouvernance n’ont pas été constituées en un mois ou une journée, mais depuis des siècles. En France, le système de décentralisation avec transfert des compétences est entré en vigueur avec les lois Defferre en 1982-1983. Ensuite, en 2003-2004, le gouvernement Raffarin avec l’acte II de la décentralisation qui attribue aux collectivités locales référendum local, autonomie financière, liberté et responsabilités locales.
En somme, le système de décentralisation territorial nous convient, en ce qui nous concerne. Il ne sert à rien de faire semblant de vivre ensemble tout en se méfiant les uns des autres. Mettons en place un système de décentralisation territorial pour qu’enfin, cesse les guerres autour du pouvoir. L’injustice sociale et l’inégalité déclencheront sans nul doute des conflits.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire