La
situation actuelle du Tchad inquiète bon nombre des concitoyens. Pourquoi nous nous inquiétons? Vu l’attitude des responsables actuels, il n’y a bonne
raison de s’inquiéter ; abord d’une voiture conduite par un chauffard
ivre, il serait tout à fait légitime de s’inquiéter ! La reconstitution de
cet Etat et de son administration, ne doit pas être l’affaire des vicieux qui
n’ont pour seule ambition, leurs viles personnes. Les tartuffes politiques qui siphonnent
les ressources du pays, n’auront jamais la motivation, les valeurs et les
compétences nécessaires pour redresser ce pays, et remettre le peuple dans ses
droits de citoyen. Si nous observons de manière intelligente la réalité
sociale, économique et politique du pays, nous sommes amenés à trouver une
solution idoine. Les réflexions autour d’un Etat idéal, va du IV siècle avant l’ère chrétienne, nos jours. Les
penseurs n’ont cessé de penser l’Etat.
Nous ne pouvons pas revenir sur les productions intellectuelles autour de l' Etat. Nous avons adopté comme système politique, la démocratie pluraliste ;
elle n’est pas apparue comme un système compatible à nos réalités. Que devons-nous
faire alors ? Avant de dire comment, donnons raison, sur deux points à monsieur YORONGAR: il n’a jamais été ministre sous IDRISS DEBY et ensuite, il
défend une idéologie assez moderne : vivre
ensemble dans la différence. On peut utiliser plusieurs systèmes, pour y
arriver. Pour YORONGAR, c’est le fédéralisme, pour nous non, la
décentralisation territoriale. Ainsi commence un débat géopolitique.
La
recomposition territoriale n’est pas un sujet sensible ni un sujet tabou. Elle
est actuellement à l’ordre du jour dans presque toutes les institutions
démocratiques du monde entier. L’essor d’une économie nationale est le fruit
des forces paysannes et des initiatives locales. Dont, les décisions,
logiquement, doivent être prises localement, au niveau des villages, des
communes, des départements ; surtout en ce qui concerne le développement
économique et sociale du territoire concerné. La géopolitique dont on use
bêtement au Tchad, doit autrement nous servir à stabiliser notre pays et
sauvegarder nos patrimoines culturels. Vivre ensemble dans la diversité.
Revoyons un peu, les conflits armés en Afrique, sont plus luttes de pouvoir que
conflits territoriaux ; citons comme exemple le Tchad, la Côte-d’Ivoire,
la Sierra Léon etc.
Le pluri ethnisme est une richesse, un avantage
pour le pays ; mais si on utilise à des fins de prise de pouvoir ou de
partage des ressources nationales, « la géopolitique africaine ou
politique du ventre » ; dans ce cas, cette diversité ce transformera
en cocktail explosif. On applique au Tchad, cet absurde politique dite « géopolitique » ; les ethnies n’ont jamais été satisfaites,
donc le risque de dérapage est élevé. Comment pouvons-nous vivre ensemble tout
en préservant nos différences ?
Regardons
d’abord, les anciennes démocraties, comme les Etats-Unis et l’Europe. Nous
avons le même système de démocratie pluraliste ; alors qu’en Afrique et
particulièrement au Tchad, ce système est corrompu et pratiquement nous vivons
sans démocratie. Nous avons hérité du système colonial, l’administration ;
le colonisateur a changé, innové et adapté leur administration selon les
réalités qui s’imposent ; alors que nous utilisons les lois de
l’administration coloniale ; des textes obsolètes, aucune innovation, aucun progrès juridique et
administratif. En plus, le comportement des administrateurs tchadiens ressemble
aux administrateurs coloniaux : mépris vis-à-vis du peuple, indifférence,
arrogance, insolence…
Comment
n’aurons-nous pas des difficultés à vivre ensemble ; si nous sommes
incapables d’innover nos textes juridiques et administratifs ? La
stabilité d’un Etat est liée aux lois et à son administration respectueuse des
valeurs. Tout organisation: sociale, politique ou même d’affaire, fonctionne
conformément aux normes; entre autres les textes et les lois qui régissent
l’Etat. Ainsi, pour que l’humanité puisse vivre ensemble et en paix, Dieu fait
descendre des textes divins : la Thora, l’Evangile et le dernier, le
Coran. Les Hommes ne respectent même pas, les lois divines, combien de fois les
lois de la république ?
Revenons
à notre sujet, Avant tout, cherchons à comprendre ; qu’est-ce que le fédéralisme ? Et c’est quoi la décentralisation ?
Le
fédéralisme du latin foederatio, alliance, lien, pacte, traité…Mode d’organisation
dans laquelle chacun des membres dispose d’une large autonomie. Au plan
politique et institutionnel, le fédéralisme se défini, comme un système
politique dans lequel un Etat fédéral partage les prérogatives
constitutionnelles avec les autres Etats membres, qui sont souverains dans
leurs propres domaines des compétences. Montesquieu avait fait état du
fédéralisme dans la constitution des cités de la Grèce antique. En outre, la
première forme de fédéralisme est apparue en 1291 ; lorsque plusieurs
Cantons Suisses ont conclu un pacte défensif, qui est à l’origine de la
confédération Helvétique. Comme on calomnie l’opposant porteur du projet fédéraliste au Tchad ; même pendant la révolution française de 1789, les Girondins
(région de Bordeaux, la Gironde), qui ont proposé un projet d’un Etat fédéral,
ont été accusé par Michelet en ce terme : « Une invention calomnieuse, le crime de
vouloir démembrer la France, le crime qu’on appelait très mal :
fédéralisme. ». Le système fédéral à l’instar de toute forme d’organisation
se base sur la constitution, elle détermine et précise les limites des
compétences, pour éviter toute sorte de conflit ou d’insubordination d’un Etat
membre. Les systèmes politiques évoluent au fil du temps, raison pour laquelle
les amendements dans la constitution sont multiples. Ainsi, les Girondins qui
avait soutenu la thèse fédérale en 1789 a conduit la France a adopté non pas le
fédéralisme, mais la décentralisation territoriale.
La
décentralisation est aussi un système politique ou de gouvernance, qui transfert
les attributions de l’Etat vers les collectivités territoriales. Ces dernières,
disposent d’un pouvoir juridique et d’une autonomie financière. Sur le site de l’Assemblée
Nationale française, la décentralisation est définie comme suit :
« La décentralisation vise à donner aux
collectivités locales des compétences propres, distinctes de celles de l’Etat,
à faire élire leurs autorités par la population et à assurer ainsi un meilleur
équilibre des pouvoirs sur l’ensemble du territoire. La décentralisation
rapproche le processus de décision des citoyens, favorisant l’émergence d’une
démocratie de proximité. La déconcentration est une notion bien distincte ;
elle vise à améliorer l’efficacité de l’action de l’Etat en transférant
certaines attributions de l’échelon administratif central aux fonctionnaires
locaux, c’est-à-dire aux préfets, aux directeurs départementaux des services de
l’Etat ou à leurs subordonnés. »
On
distingue deux formes de décentralisation :
-
La décentralisation territoriale, elle
permet à des représentants élus (Conseil régional, départemental et communal),
de régler les affaires administratives. Le préfet est juste chargé de vérifier,
la légalité constitutionnelle, de la décision prise par les élus locaux.
-
La décentralisation fonctionnelle ou
technique, elle permet à des établissements publics à vocation spéciale comme
les universités et les hôpitaux, de disposer une certaine autonomie
administrative et budgétaire. La collectivité de rattachement exerce Le pouvoir
de contrôle.
Ces
deux formes de système de gouvernance n’ont pas été constituées en un mois ou
une journée, mais depuis des siècles. En France, le système de décentralisation
avec transfert des compétences est entré en vigueur avec les lois Defferre en
1982-1983. Ensuite, en 2003-2004, le gouvernement Raffarin avec l’acte II de la
décentralisation qui attribue aux collectivités locales référendum local,
autonomie financière, liberté et responsabilités locales.
En
somme, le système de décentralisation territorial nous convient, en ce qui nous
concerne. Il ne sert à rien de faire semblant de vivre ensemble tout en se
méfiant les uns des autres. Mettons en place un système de décentralisation territorial
pour qu’enfin, cesse les guerres autour du pouvoir. L’injustice sociale et l’inégalité
déclencheront sans nul doute des conflits.