Comme
le journaliste français avait qualifié le conflit Afghan, en 1980 de
géopolitique ; l’imbroglio saharien, Libye Tchad Soudan Boko-Haram…est
aussi de la géopolitique. Le Sahara, ce vaste territoire a son Histoire et ses
réalités sociales et écologiques. Les effets du changement climatique ont
commencé dans ce territoire, depuis la fin du 19e siècle. Ajoutons
aux difficultés climatiques qui engendrent des conflits, les expansions hégémoniques
et coloniales. Les facteurs qui causent des troubles, dans le territoire du
Sahara, sont antérieurs à l’occupation européenne. Le Sahara était très peuplé,
après la chute de l’empire pharaonique, beaucoup des peuples ont immigré vers
l’intérieur de l’Afrique. Ces immigrés se sont naturellement installés au bord
des territoires inondés par des grands fleuves et lacs : le Nil, le
Lac-Tchad, le Chari, le Niger, le Sénégal…C’est sur ces territoires inondés
sont nés les grands empires sahariens : le Kanem, le Mali, l’empire Sokoto…Ces
Etats précoloniaux ont disparu avec l’installation de l’administration
militaire européenne. Ces Etats d’Afrique précoloniaux subissaient aussi des
effets géopolitiques, exogènes ; un conflit en Europe ou en Asie, fera
aussi tâche d’huile en Afrique, c’est naturel. Exemple, l’Etat Islamique né en
Irak, menace aussi le Sahara africain !
L’occupation
européenne a profondément modifié le visage géopolitique du territoire du
Sahara. A l’issue de la colonisation européenne, des nouveaux Etats et
territoires sont nés. Ces Etats ont été conçus, par des militaires qui n’ont
pas tenu compte de l’élément sociologique. Le contrôle de ses frontières
artificielles et poreuses est impossible. Les administrateurs militaires
européens, dans leurs missions d’occupation, de stabilisation et d’organisation
administrative ; ont eu beaucoup des difficultés, ce n’était pas une
partie de safari ! Le Sahara précolonial est constitué des Etats très
puissants et hostiles à la pénétration européenne. La plupart de ces Etats africains, sont régis par
des lois inspirées des textes islamiques ; et les échanges avec l'Arabie sont intenses. La doctrine islamique était profondément ancrée ; malgré,
des années de domination chrétienne, l’Islam est restée indélébile. L’étendard
noir de l’Etat Islamique que Boko Haram brande, existait dans le Sahara, bien
avant l’occupation européenne. En 1902 au nord du Tchad, les troupes du colonel Emmanuel
Largeau, ont pris dans le Fort Senoussiste, l’étendard noir marqué, par la
profession de foi de l’Islam. Après les
indépendances, ces nouveaux Etats fragiles ont été confrontés à divers problèmes.
Le désenchantement des populations est total et les luttes sont multiples.
Les
Etats comme la Libye, le Tchad, le Soudan…sont à la proie des troubles politiques.
La mauvaise gouvernance, les vides juridiques et institutionnels viennent
encore compliqué, la peinture géopolitique de la sous-région. Les européens, au
lieu d’écouter leurs scientifiques, comme ils avaient fait pendant la période
coloniale pour coloniser ; or, maintenant au lieu de trouver des solutions fiables et durables, ils
préfèrent flirter avec des despotes pour des intérêts immédiats et mesquins. La France installe un régime despotique et inouï au Tchad, en Libye
elle envoie son aviation pour détruire et assassiner le dictateur Kadhafi. Ensuite,
le pouvoir passe de la droite à la gauche et on abandonne la Libye avec ses
troubles. Dès qu’ils apprennent que l’Etat Islamique se dirige vers les puits
du pétrole libyen, là, c’est le danger, il faut surveiller ! La situation
était antérieurement très explosive, monsieur Jean-Yves Le Drian !
Les
populations locales abandonnées à leurs propres sorts, dans un territoire sévèrement
touché par la désertification, la faim, les maladies et l’analphabétisme…Quel
autre endroit plus propice au développement de la doctrine islamique radicale ?
La preuve, Boko-Haram, n’a jamais été confrontée aux problèmes des personnels
combattants. L’étendard noir n’est pas très étranger au Sahara. Avec des
régimes despotiques, corrompus et centralisés ; la situation sécuritaire ne
s’améliorera pas. Aller en guerre, sans aucune autre initiative de
stabilisation, c’est soufflé le feu de brousse sans mesure d’extinction.
Associer la population locale à la recherche d’une solution durable ; comme
les efforts de Qatar, entre Toubou et Touareg. Une réforme profonde de la Libye
et du Tchad est absolument nécessaire. Ces Etats ont d’énormes insuffisances ;
alors le changement de la mode de gouvernance est une solution durable. Les
Etats centralisés, corrompus, ne sont pas du tout à la mesure ou capables de
relever ce défis. Il faut adopter, le système de déconcentration et
décentralisation français ; et concevoir analytiquement, trouver des mécanismes
de gestion des collectivités territoriales autonomes, un système inspiré des réalités locales :
géographiques, humaines, économiques, culturels…L’autogestion associe la
population, renforce la démocratie participative et facilitera le développement
et la stabilité de la région.
Mahamat
HASSANE BOULMAYE
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