mercredi 16 décembre 2015

Sahara- Libye, Tchad, Soudan, imbroglio géopolitique

Comme le journaliste français avait qualifié le conflit Afghan, en 1980 de géopolitique ; l’imbroglio saharien, Libye Tchad Soudan Boko-Haram…est aussi de la géopolitique. Le Sahara, ce vaste territoire a son Histoire et ses réalités sociales et écologiques. Les effets du changement climatique ont commencé dans ce territoire, depuis la fin du 19e siècle. Ajoutons aux difficultés climatiques qui engendrent des conflits, les expansions hégémoniques et coloniales. Les facteurs qui causent des troubles, dans le territoire du Sahara, sont antérieurs à l’occupation européenne. Le Sahara était très peuplé, après la chute de l’empire pharaonique, beaucoup des peuples ont immigré vers l’intérieur de l’Afrique. Ces immigrés se sont naturellement installés au bord des territoires inondés par des grands fleuves et lacs : le Nil, le Lac-Tchad, le Chari, le Niger, le Sénégal…C’est sur ces territoires inondés sont nés les grands empires sahariens : le Kanem, le Mali, l’empire Sokoto…Ces Etats précoloniaux ont disparu avec l’installation de l’administration militaire européenne. Ces Etats d’Afrique précoloniaux subissaient aussi des effets géopolitiques, exogènes ; un conflit en Europe ou en Asie, fera aussi tâche d’huile en Afrique, c’est naturel. Exemple, l’Etat Islamique né en Irak, menace aussi le Sahara africain !    
L’occupation européenne a profondément modifié le visage géopolitique du territoire du Sahara. A l’issue de la colonisation européenne, des nouveaux Etats et territoires sont nés. Ces Etats ont été conçus, par des militaires qui n’ont pas tenu compte de l’élément sociologique. Le contrôle de ses frontières artificielles et poreuses est impossible. Les administrateurs militaires européens, dans leurs missions d’occupation, de stabilisation et d’organisation administrative ; ont eu beaucoup des difficultés, ce n’était pas une partie de safari ! Le Sahara précolonial est constitué des Etats très puissants et hostiles à la pénétration européenne. La  plupart de ces Etats africains, sont régis par des lois inspirées des textes islamiques ; et les échanges avec l'Arabie sont intenses. La doctrine islamique était profondément ancrée ; malgré, des années de domination chrétienne, l’Islam est restée indélébile. L’étendard noir de l’Etat Islamique que Boko Haram brande, existait dans le Sahara, bien avant l’occupation européenne. En 1902 au nord du Tchad, les troupes du colonel Emmanuel Largeau, ont pris dans le Fort Senoussiste, l’étendard noir marqué, par la profession de foi de l’Islam.  Après les indépendances, ces nouveaux Etats fragiles ont été confrontés à divers problèmes. Le désenchantement des populations est total et les luttes sont multiples.
Les Etats comme la Libye, le Tchad, le Soudan…sont à la proie des troubles politiques. La mauvaise gouvernance, les vides juridiques et institutionnels viennent encore compliqué, la peinture géopolitique de la sous-région. Les européens, au lieu d’écouter leurs scientifiques, comme ils avaient fait pendant la période coloniale pour coloniser ; or, maintenant au lieu de  trouver des solutions fiables et durables, ils préfèrent flirter avec des despotes pour des intérêts immédiats et mesquins. La France installe un régime despotique et inouï au Tchad, en Libye elle envoie son aviation pour détruire et assassiner le dictateur Kadhafi. Ensuite, le pouvoir passe de la droite à la gauche et on abandonne la Libye avec ses troubles. Dès qu’ils apprennent que l’Etat Islamique se dirige vers les puits du pétrole libyen, là, c’est le danger, il faut surveiller ! La situation était antérieurement très explosive, monsieur Jean-Yves Le Drian !
Les populations locales abandonnées à leurs propres sorts, dans un territoire sévèrement touché par la désertification, la faim, les maladies et l’analphabétisme…Quel autre endroit plus propice au développement de la doctrine islamique radicale ? La preuve, Boko-Haram, n’a jamais été confrontée aux problèmes des personnels combattants. L’étendard noir n’est pas très étranger au Sahara. Avec des régimes despotiques, corrompus et centralisés ; la situation sécuritaire ne s’améliorera pas. Aller en guerre, sans aucune autre initiative de stabilisation, c’est soufflé le feu de brousse sans mesure d’extinction. Associer la population locale à la recherche d’une solution durable ; comme les efforts de Qatar, entre Toubou et Touareg. Une réforme profonde de la Libye et du Tchad est absolument nécessaire. Ces Etats ont d’énormes insuffisances ; alors le changement de la mode de gouvernance est une solution durable. Les Etats centralisés, corrompus, ne sont pas du tout à la mesure ou capables de relever ce défis. Il faut adopter, le système de déconcentration et décentralisation français ; et concevoir analytiquement, trouver des mécanismes de gestion des collectivités territoriales autonomes,  un système inspiré des réalités locales : géographiques, humaines, économiques, culturels…L’autogestion associe la population, renforce la démocratie participative et facilitera le développement et la stabilité de la région.

Mahamat HASSANE BOULMAYE

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