Ce discours tenu à l'Assemblée
Nationale dont la majorité mécanique fait d'elle une chambre d'enregistrement
au service exclusivement du régime et
non du peuple qui ne s'y reconnait point
constitue une énième gifle administrée au peuple tchadien par un membre
de la France officielle que vous êtes, une France partie prenante dans la
tragédie africaine et non
malheureusement une solution aux
problèmes africains.
Nous aurions souhaité cependant écouter une nouvelle voix, celle de l'espérance,
celle de la coopération dans la dignité réciproque, celle de l'amitié
historique de deux peuples et celle de la souveraineté. Oui Madame, la souveraineté qui n'est pas celle
qui est développée de façon biaisée dans
votre discours mais celle qui donne au peuple tchadien la possibilité d'être
maître de son destin et de choisir librement, sans aucune influence des forces
néocoloniales occultes, ses dirigeants et non d'accepter sans broncher des
régimes militaristes et dictatoriaux parachutés et soutenus par des locataires à l'Elysée se succédant à
tour de mandat présidentiel et ce, depuis
l'indépendance nominale du Tchad en 1960
Madame La Présidente, vous aurez
beaucoup à apprendre de l'Afrique et surtout du Tchad que vous venez de
visiter. Ce n'est pas le tapis rouge qui vous est déroulé qui vous permet d'apprécier de façon claire
les relations franco-tchadiennes entachées par des hypocrisies , des liaisons
mafieuses et de l'exploitation de l'homme par l'homme plus persistante qu'au
temps colonial . Tous ces méfaits ont développé dans l'esprit de chaque
tchadien digne de nom l'aversion et le rejet du néocolonialisme français.
Vous venez à N'djamena pour conforter et
rassurer un allié de taille de votre pays, le bras armé qui exécute tous les
plans de déstabilisation de la région africaine
au nom de la prétendue lutte contre le terrorisme.
A cet égard, il est de bonne manière de vous
concéder le droit de soutenir une dictature criminelle asphyxiant presque trois
décennies son peuple. Mais sachez aussi que le peuple tchadien ne restera point
les bras croisés pour accepter l'humiliation , la spoliation et l'asservissement. Nous aurions pensé que la posture de
président de la République Française que vous souhaiteriez avec le concours du
suffrage universel endosser ait permis
une certaine cohérence dans vos analyses sur la politique africaine et surtout
tchadienne.
Pour notre part, nous attendons
du futur président français quelque soit l'issue du vote de prendre en compte
les aspirations légitimes du peuple tchadien et particulièrement de respecter
le destin du peuple à disposer de lui-même sans lequel le flux migratoire
envahissant votre pays et votre continent ira en crescendo, les crises sociopolitiques
nées de gouvernance arbitraire et antidémocratique provoqueront toujours
d'incessantes rebellions et le
terrorisme que vous entendez combattre (alors que vous l'entretenez à dessein)
demeurera la plus grande escroquerie de notre siècle , faite sur le sang des
millions d' innocents pauvres par des
financiéristes mondiaux.
Toujours, pour notre part, face à
la foudroyante dictature qui nous écrase depuis presque trois décennies, nous
avons été obligés de choisir l'option de la lutte armée non pas pour conquérir
le pouvoir pour le pouvoir mais plutôt contribuer à restaurer la dignité ,
l'honneur et toutes les libertés fondamentales aujourd'hui bafouées et bannies
par le régime de Ndjamena auquel vous ne cessez de tarir autant d'éloges.
Le Conseil de Commandement Militaire pour le
Salut de la République, fruit de la
résistance nationale à la dictature de Ndjamena, ne saura poursuivre sa lutte
pour un Tchad meilleur où des valeurs d'alternance démocratique, de paix sociale , de justice équitable et d'égalité
citoyenne devenant véritablement les fondements de notre république. Pour cela,
au-delà des sacrifices humains et matériels que nous consentons quotidiennement
et depuis des longues années, l'apport des vrais amis du Tchad et de son peuple
dans ce combat est plus que jamais nécessaire.
Et nous pensons finalement que tout
dirigeant français, chef de parti ou président de la république , doit avoir à
l'esprit que pour freiner le flux migratoire, pour que la paix règne en Afrique
et particulièrement le Tchad, il faut aider les tchadiens à assoir une bonne
gouvernance, une gouvernance émanant de la volonté populaire.
Veuillez, croire Madame la Présidente
du Front National, à nos distinguées salutations.
Ahmat Yacoub Adam
Membre du Comité Exécutif
du Conseil de Commandement Militaire
pour le Salut de la République
Commission Administration et Communication